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Texte libre

Corinne Lepage,

ministre de

l'environnement

 de 1995 à 1997

et présidente de cap21

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6 janvier 2007 6 06 /01 /janvier /2007 12:01

L'émission de Yann Artus Bertrand du Jeudi 4 Janvier sur le problème du partage de l'eau dans le monde est révélateur des défis qui se présentent à nous. L'exemple le plus caricatural nous a été donné par la directrice de l'agence de l'eau de Las Vegas, Patricia Mulroy, symbole de la catastrophe environnementale, de nos dérives mégalomaniaques.

Quelques chiffres sur Las Vegas, ville en plein désert:

1000 litres d'eau consommés par jour et par personne, dont les 3/4 par les parcs, jardins, et les 50 golfs.

1.5 million d'habitants et 3 à l'horizon 2015.

Voici ce que déclare Patricia Mulroy:

"Mon rôle est d'apporter de l'eau quelque soit l'utilisation qui en est faite. Je ne dois en aucun cas intervenir sur le développement de la ville, ni me prononcer sur la façon dont elle se développe. Las Vegas est unique en son genre. Quand les touristes viennent ici, ils veulent faire l'expérience de la réalité virtuelle, ils ne veulent pas que la réalité gâche leur week-end."

Las Vegas ne peut plus s'approvisionner au lac Mead car les quotas de prélèvement sont dépassés. Alors rien n'arrête la mégalomanie de l'agence de l'eau. Il ne faut surtout pas faire fuir les touristes et les investisseurs. Il faut fournir du rêve sur le rêve. Ce n'est jamais assez.

Alors naît le projet pharaonique d'aller cherche l'eau à 500km à l'Est au moyen d'un aqueduc. Seulement voilà, dans cette vallée, il y a 6000 agriculteurs et éleveurs, déjà en pénurie d'eau, à qui on va enlever les moyens de vivre. Liberté de touristes contre liberté de vivre.

Patricia Mulroy déclare à nouveau, à propose de ces éleveurs: "oui, ils ont peur, ils nous expliquent leurs inquiétudes, mais cette eau ne leur appartient pas."

Nous voilà au 19ème siècle à la plus belle époque des westerns, à la plus belle époque des indiens. Ce type de développement n'est plus tenable en terme social et environnemental. Le cynisme de l'agence de l'eau de Las Vegas est saisissant.  

Seuls le droit, la justice et la démocratie permettront d'avancer vers plus de raison. Il nous faut une régulation mondiale sur l'usage des biens communs.  

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28 octobre 2005 5 28 /10 /octobre /2005 00:00

Le reportage d'ARTE d'hier soir sur la culture du soja transgénique en Argentine est saisissante.

Voilà un pays qui avait une agriculture saine, mais en crise. Il s'est alors engagé il y a 10 ans dans la culture du soja transgénique, encourager en cela par le gouvernement. Celui-ci touchera au passage 20% des ventes à l'exportation. La moitié des terres cultivables sont gérées ainsi, avec des déforestations massives.

La firme Monsanto a donc proposé aux agriculteurs argentins un soja transgénique résistant aux herbicides associé à un herbicide permettant de détruire les plantes indésirables. Pendant cinq ans, ces agriculteurs ont  vu leurs revenus et leurs rendements exploser. Puis est venu le drame. Le sol est épuisé, les mauvaises herbes sont devenus tolérantes aux herbicides, obligeant les paysans à épandre de plus en plus. Les épendages se faisant par avion, les cancers et allergies de toute sortes se développent dans la population, avec des perturbations du système endocrinien.

Cette émission a eu le bonheur de rendre concret les mises en garde de Gilles-Eric-Seralini et de Philippe Desbrosses. Relayons ces alertes, il est grand temps.

Tout le monde est pris au piège. L'argentine est en train de perdre son autonomie alimentaire, l'état perd ses ressources, l'environnement et la santé sont gravement dégradés. La famine pointe à cause de l'érosion des sols.

Nous nous acheminons vers une crise majeure. C'est la démocratie même qui est en jeu.

Ce triste exemple doit suffire pour que nous amplifiions notre mouvement de résistance contre l'épuisement des ressources planétaires par des modes de vie, des modes de pensée et des économies incontestablement obsolètes.

Le système économique, tel qu'il est conçu, la manière dont on compte, porte en son sein de graves effets pervers, accentués en cela par une désinformation inacceptable des populations. Je crois que nous dépassons les bornes de l'inacceptable sur la gestion de l'environnement. Cela nous rappelle les heures les plus sombres de notre histoire à la veille de la deuxième guerre mondiale.

Que dire des paroles de Monsieur Allègre, qui, a longueur de chronique dans l'express, a fait preuve de négationisme envers le problème de l'influence de l'homme sur le climat, épousant ainsi les thèses de Björn Lomborg, avant de revenir un peu sur ses jugements pour prôner une simple prudence en ralentissant nos émissions de gaz à effet de serre. Aujourd'hui, il traite d'assassins les arracheurs d'OGM plein champ (voir l'article de Christian Beaudin sur le blog de cap21 centre), faisant référence aux possibilités de guérisons des enfants atteints de la mucovicidose par des plantes transgéniques. On nage dans des discours démagogiques voir faux. On ne peut comprendre qu'un scientifique de ce niveau puisse être aussi intellectuellement malhonnête, refusant le débat et d'admettre les évidences. Monsieur Allegre, vous êtes décevant, hélàs.

Que dire des paroles de personnalités nous vantant que le nucléaire n'émet pas de gaz à effet de serre alors que le bilan de toute la filière, de l'enrichissement de l'uranium au traitement des déchets est loin d'être aussi tranché (la filière nucléaire émettrait plus de gaz à effet de serre que la cogénération gaz!!!!). 

Que dire du développement exponentiel du transport routier, des doublements de rocades ou d'autoroutes pour lesquels beaucoup d'élus locaux argumentent qu'en déplaçant de quelques kilomètres quelques camions on améliore le cadre de vie des urbains alors que le vrai problème est l'excès du trafic automobile de voitures particulières nécessitant une autre gestion de l'outil automobile. 

La nature même du développement de l'entreprise, dont le but est de grandir indéfiniment, est remis en cause par les questions d'environnement suivant la nature de leurs activités. En effet, l'exemple argentin nous montre que quelques hectares d'OGM, ce n'est pas bien grave, mais des millions d'hectares oui. 60 millions d'automobiles, ce n'est pas bien grave, 1 milliard oui etc....

Alors, messieurs les politiques, les PDG, un peu d'honnêteté intellectuelle s'il vous plaît. Assez de désinformation et de démagogie. Laissez la place au vrai débat et à la vraie démocratie. N'organisez pas de débat public après les prises de décision etc....La planète de nos enfants n'y survivra pas. Nous avons besoin d'un énorme sursaut de pensée en espérant qu'il ne soit pas déjà trop tard. Nous sommes dans la position de la grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf.

Nous avons tous les outils techniques nécessaires pour assurer les fonctions essentielles de la vie à minima d'émissions et consommations (voir la technique agricole BRF ou l'usage collectif de l'automobile). Il est grand temps de les mettre en oeuvre et de changer la nature du développement des entreprises par une fiscalité appropriée pour éviter des surenchères induisant des prélèvements excessifs de ressources et même des destructions.

Les années qui viennent seront celles de l'environnement ou ne seront pas. Il ne tient qu'aux citoyens bien informés d'exprimer massivement dans l'urne son désir de démocratie.

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